Michèle Suquet

Venue d’un tout autre univers professionnel, j’ai découvert la céramique en 1990 par la rencontre avec une artiste peintre sur porcelaine. Le choc produit par la couleur comme matière à cuire a réorienté mon parcours, j’ai ouvert un atelier et suivi des formations. Dès lors la recherche avec l’argile commence. L’atelier devient le lieu d’un retour aux sources, à la boue de l’enfance, à sa jubilation. Je peux explorer forme et volume, expérimenter les états de la matière, ses rapports avec la couleur, la texture et faire cuire. Rapidement la sculpture s’impose, ouvrant une quête inlassable vers des formes d’abord figuratives devenues aujourd’hui abstraites. 

J’aime les volumes simples, les lignes en tension, l’exploration des couleurs, de la texture, les rapports d’oppositions entre lisse/ rugueux / arêtes / courbes / brillance / matité. Je travaille par séries successives recherchant toujours un étonnement poétique de ces confrontations.

La céramique m’apparait comme la matière des temps conjugués, le temps porté par la terre issue des roches, le temps intime du céramiste dans son actualité et le temps de l’argile, son processus  lent, nécéssaire. Histoire d’une transformation silencieuse que l’objet céramique porte.

Et chaque fois, confier le nouage d’une pièce au feu: l’émail fond, la couleur apparait, un objet survient fait de mémoire et d’inconnu.